C’est à cause du vent
Je passe quelques jours au chalet, et j’ai du temps pour relaxer et observer les changements météos. Le vent se lève, les nuages changent, et puis tout disparait pour laisser place au calme. La nature est belle et merveilleuse.
Une partie intégrante de la formation au pilotage est de comprendre la météo. Comparer à conduire une auto, dans les airs, nous sommes beaucoup plus affecté par les changements que Dame Nature apportent. Le vent est l’un des facteurs qui nous affecte en vol, et je l’ai entendu souvent de mes étudiants pendant la formation au pilotage, mais aussi de pilotes d’expérience.
J’ai souvent ri de bon coeur avec mes étudiants quand il me disait “C’est à cause du vent”. Le vent affecte définitivement nos vols, mais généralement l’avion nous offre un bon contrôle. Dépendant des conditions, et du type d’avion. Notre niveau de confort jouera aussi un grand rôle.
Une question qu’on me pose souvent comme instructrice de vol est si c’est trop venteux. Pour les première 12-20 heures de vol, je prends toutes les décisions et j’informe mes étudiants. Nous regardons la météo ensemble, je leur dis les facteurs qui influencent mes décisions. Mais après, je commence de plus en plus à les impliquer dans le processus décisionnel. Autrement, comment deviendront-il eux-même capable de prendre ces décisions? (Évidemment, je me garde le droit de veto!)
Deux extrêmes qui rendent la décision d’aller voler faciles: #1 beau ciel bleu et aucun vent. #2 Ciel apocalyptique où tu as de la misère à te tenir debout tellement il vente! Mais entre les deux, comment décider? Je rencontre régulièrement des pilotes qui ont développés cette crainte d’aller voler sauf quand c’est le scénario #1. L’une des demandes que je reçois pour de l’instruction en vol après l’obtention de leur permis ou licence est d’aller pratique des circuits par vents de travers.
La question qui me vient en tête est quelle formation dans des conditions “autres” ont-il reçus? Ou est-ce seulement une question de ne pas voler assez régulièrement? J’ai entendu à plusieurs reprises que ces pilotes ne volaient que lorsqu’il faisait beau et pas de vent pendant leur formation. Selon moi, il est important pendant la formation de voler avec les étudiants dans une variété de conditions météos. Un équilibre doit être visé comme ne pas seulement aller voler quand les vents traversiers sont forts si non l’étudiant pourrait se décourager de toujours avoir de la misère à bien contrôler l’avion. Mais ces expériences aident à façonner l’expérience de ces futurs pilotes indépendants pour qu’eux aussi à leur tour puissent répondre à la question “Est-ce que c’est trop de vent pour moi aujourd’hui?”
Je me sens choyé d’avoir eu la chance de voler beaucoup avec des pilotes ayant une expérience étendue en pilotage. Mon ami Joe était un pilote très doué et j’en ai appris beaucoup à ses côtés, entre autre avec les vents. Plusieurs fois nous avons été voler où moi personnellement je n’y serai pas allé. Dont une fois au retour de Oshkosh. Nous avons rencontré un orage et après consultation avec NavCanada via radio, nous avons décidé d’atterrir à Lindsay. La seule fois où le gars à la radio (Unicom) nous a appelé après avoir vu notre atterrissage pour demander si ça allait! Aucun danger, Joe était un pilote habile, il connaissait très bien son avion et ses limites. Mais moi, j’étais juste contente de ne pas avoir à atterrir l’avion ce jour-là! Nous avons fini par passer la nuit dans la salle des pilotes sur nos matelas gonflables puisque l’orage était trop fort. J’ai appris de ce vol, et au fils du temps, j’ai appris à bâtir mes compétences manuelles mais aussi décisionnelles.
C’est ce que j’essaie de passer à mes étudiants et étudiantes, et aux pilotes avec qui je vole.
Le manuel de l’avion vous donne un indicatif pour le maximum de vent traversier. Une donnée pour le pilote moyen, pas une limitation. C’est quand même sage de suivre cette indication. Pour être certifié, un avion doit au minimum être capable de soutenir un vent traversier de 20% la vitesse de décrochage à 90 degrés de la piste.
From the Cessna 172 N POH:
The maximum allowable crosswind velocity is dependent upon pilot
capability as well as aircraft limitations. With average pilot technique,
direct crosswinds of 15 knots can be handled with safety.
Si vous louer un avion, souvent des limitations d’opérations vous seront imposés. Une partie des décisions quant aux vents sera prise pour vous. Si vous êtes propriétaire, la décision vous appartient complètement. Comment décider? En cas de doute, toujours mieux de rester au sol. Mieux vaut souhaiter être au sol en souhaitant être en vol, que l’inverse! Mais comment bâtir cette capacité décisionnelle. Voici quelques lignes de pensées pour vous orienter:
- Est-ce que vous vous sentez bien aujourd’hui? Vos compétences physiques sont-elles à leur meilleures? (IAMSAFE)
- Est-ce que vous avez déjà volé dans de telles conditions?
- Quel est votre plan B, C, D, etc. si en revenant pour l’atterrissage les vents sont trop pour vous? (Remise des gas, assez d’essence pour peut-être attendre un peu que les vents se calment, aéroport de déroutement, etc.)
- Développer ses compétences avec soit un autre pilote plus expérimenté, ou en allant pratiquer avec un instructeur.
Je crois qu’il est important et plaisant de continuer à se développer comme pilote, de continuer d’apprendre. Une façon parmi d’autres de demeurer un pilote sécuritaire et de pouvoir profiter de nos privilèges de vol longtemps!
8 réflexions sur « C’est à cause du vent »
Excellent article Nathalie. Je suis une de ces pilotes qui craint les vents de travers et qui aime mieux voler dans les conditions du scénario #1 :-)). Merci de me faire réfléchir et de m’aider à dépasser mes craintes des vents.
Ça me fait plaisir!
J’ai bien aimé ton article Nathalie, j’ajouterais qu’il est aussi important de pousser un peu plus vos limites de vol en compagnie d’un autres pilotes ayant plus d’expérience que vous. Un pilote qui vol toujours dans des conditions idéal gagne très peu en expérience avec le temps…
Bien d’accord! Merci!
Excellent article Nathalie. Tu est douée d’un bon sense d’analyse.
Je suis content de t’avoir donné ton annotation hydravion en seulement le minimum TC de 7 heures. Bon été à toi!
Ah merci Vincent! J’écrirai un jour sur cette aventure d’obtenir ma qualification hydravion avec toi et Jacques. Ce fût mémorable, et je me sens choyé d’avoir pu voler avec des pilotes de brousse d’expérience comme vous deux. Bon été et au plaisir de te jaser en personne à un aéroport ici ou là bientôt.
Le vent faut le gérer avec notre expérience et nos capacités de la journée du vol !
J`ai une expression : Essai pas d`être un cow-boy si tu n`a pas de cheval.
Merci pour ton commentaire Martin! haha j’aime cette expression. Je te la vole!