Un voyage de camping dans la brousse québécoise en avion
Le weekend de la fête du travail vient soudainement de prendre un tout nouvel intérêt pour moi avec le RVA à Casey. Après y avoir passé une nuit de camping, j’ai déjà hâte d’y retourner l’an prochain pour la 5e édition!
La piste de Casey se situe à 20NM (37km) à l’est de la ville de Parent, 127NM (235km) au nord-est de l’aéroport de Maniwaki. Cette belle piste en béton construite en 1953 et abandonnée depuis plus de 50 ans demeure en bon état avec une longueur de 8200′ par 200′ de large. Casey se retrouve plus ou moins dans le milieu de “nul-part” en pleine brousse québécoise, ce qui en fait un lieu bien intéressant à visiter pour les “vrais” amateurs de camping. Tous les bâtiments ayant été détruits depuis longtemps, aucun service n’est offert: vous devez être complètement autonome en vous y rendant avec votre avion. (Ça inclut l’eau, la toilette et bien évidemment assez d’essence.) Un beau défi pour les aventuriers passionnés d’aviation!
Pour tous les détails sur la piste de Casey, visitez le site web de Pierre Nadon qui offre une panoplie d’informations en plus d’une grande banque de photos et vidéos pour bien vous préparer. L’information y est présentée d’une main experte avec une attention particulière aux détails. Pierre fait partie du groupe initiateur de ce RVA impromptu, “non-organisé”, et a fait le voyage plusieurs fois déjà.
Cette piste en milieu éloigné a été réanimée grâce à quelques passionnés d’aviation qui pour une 4ième année consécutive ce sont réunis dans la nature sauvage du nord du Québec pour quelques jours de camping ou simplement une rencontre amicale de quelques heures.
Le but de l’activité est d’encourager le propriétaire d’avion sur roues de sortir de sa zone de confort en effectuant un beau vol-voyage au-dessus de la brousse québécoise. – Site Web de CampingMaster.
J’ai lu que de se donner des défis aide à garder son intérêt vivant envers le pilotage. En 2016, je m’en était donné plusieurs, et l’un d’entre eux était de faire du camping en partant avec mon avion. Bon, je veux en arriver à en faire seule, mais je trouvais que l’expérience Casey avec tous ces passionnés et gens expérimentés en camping sauvage, m’aiderait forcément à me pratiquer et mieux me préparer. C’est donc avec cette idée en tête que j’espérais que la météo permettrait au moins deux journées de beau temps durant la longue fin de semaine de la fête du travail. Nous avons été béni non pas par deux belles journées mais le long weekend au complet!
Nous n’aurions pu souhaiter pour une meilleure météo. Durant le jour, il faisait chaud, et c’était frais le matin et en soirée. L’automne qui s’approche quoi! Mais rien qu’un peu de préparatifs ne peut remédier. De bons vêtements chauds, habillé en couche d’oignons.
Préparatifs au camping – Quoi apporter
Avec mon Cessna 150, j’ai légalement droit d’apporter un total de 484 livres à bord. En faisant le voyage seule à bord, ça me donnait amplement de poids malgré que je ne puisse mettre plus de 120 lbs au total en arrière. Évidemment, je suis également restreinte avec les grosseurs et ce que je suis capable de soulever à bout de bras puisque je n’ai pas de porte latéral pour le changement des bagages en arrière. (Un peu de musculation au gym pourrait devenir avantageux!)
Tout ça pour dire que je n’avais pas de grande restriction en poids quant à l’équipement de camping que je pouvais apporter. Par contre, par soucis de logistique tout en gardant un certain confort, je voulais essayer d’apporter que le nécessaire. Ma mission fût en quelque sort réussie. Un peu d’extra, mais pas trop. Si la météo avait été autrement et que j’avais été forcé de rester plusieurs jours, j’aurais été contente d’avoir apporté ces extras.
J’ai plus ou moins apporté la base de mon équipement de camping: tente, sac de couchage, matelas gonflable & pompe (Oui, certains pourraient dire que c’est de l’extra! Mais… je pouvais me permettre le poids!), vêtements, nécessaire de cuisine, une couverture (celle-là elle est toujours très pratique quand la fraiche arrive, même au coin du feu), une chaise, un panneau solaire pour recharger mes gadgets (téléphone et iPad), et nourriture. Si vous êtes habitués au camping, ce n’est rien de nouveau tout ça.
Nourriture
Je voulais garder au minimum la préparation des repas. J’en fais amplement à la maison, et j’avais plus le goût de garder ça simple pour profiter du temps là-bas. Un choix personnel. Il y a aussi qu’au lieu d’apporter mon bruleur à deux ronds (plus adapté pour la cuisine), je n’ai apporté qu’un bruleur simple au propane sur lequel tu gardes en équilibre tes instruments de cuisson.
Je n’avais aussi aucun moyen de garder les aliments au froid, donc tout devait pouvoir se garder à la température extérieure, ou être sellé et pouvoir être consommé d’un coup. Ce fût mon plus grand regret: ne pas pouvoir apporter du lait pour mon café! Heureusement, d’autres avaient des moyens de refroidissement et ont gentiment partagé. (Merci!) Oui, ça existe du lait en poudre, mais j’aime pas trop le goût…
Un truc que j’ai trouvé génial: deux personnes s’étaient apportés des repas en boite de conserve individuel et les ont mis sur le bord du feu (pour ne pas dire dedans) pour les réchauffer. Tu ouvres ensuite la boite et déguste avec un ustensile. Aucune vaisselle à faire, aucun matériel à apporter, sauf un ustensile!
Il faut noter que la règle veut qu’on ne laisse rien sur le site. Belle conscience. Tout ce que tu apportes sur le site, tu repars avec. Tous déchets, restants de nourriture, etc. Ça inclut la boite.
Les repas déshydratés en sac (tu ajoutes de l’eau chaude et tu attends) étaient très populaires. J’ai personnellement jamais essayé mais ce qu’on me dit est que ce n’est pas tous les repas qui sont bons et il faut faire attention à la quantité de sel. Certains sont beaucoup trop salés pour être goûteux. Le pâté chinois est beaucoup trop compliqué, demandant plusieurs plats pour la préparation. L’essai fût abandonné…
Aussi, tu dois aussi apporter de l’eau potable. C’est un poids significatif. Plus tu restes longtemps, plus tu en auras besoin. Je ne prévoyais rester qu’une seule nuit pour cette première expérience, mais j’avais apporté environ 15 litres d’eau en plus d’un filtreur pour l’eau (au cas).
Planification de vol
La planification de vol a ressemblé à plusieurs autres vols-voyage à l’exception de la portion essence. Comme je mentionne plus haut, il n’y a pas d’essence sur le site de Casey. Certains apportent de l’essence à bord de leur avion mais j’étais serré en espace et je trouve que ça sent à l’intérieur quand je transporte de l’essence dans mon auto. Pas un bon endroit pour un buzz d’essence en volant au-dessus de la brousse québécoise. (Je devrai trouver une solution fiable à ce problème et faire des essaies sur de courts vols si je veux un jour apporter de l’essence avec moi.) Donc, je devais calculer et planifier intelligemment ma consommation d’essence et mon ravitaillement.
Mon itinéraire devait compter un arrêt ravitaillement à Mont-Laurier mais une couche nuageuse m’en a empêché et j’ai dû plutôt prendre une pause à CYMW où j’ai fait le plein par la même occasion. De Casey, j’ai jugé qu’avec environ 1/4 de réservoir d’essence, c’était trop serré pour faire entre une heure et demi à deux heures de vol pour le retour vers Mont-Laurier / Maniwaki, donc, j’ai plutôt opté pour La Tuque. En bonus, l’essence à La Tuque était beaucoup moins cher (environ 0,20$ à 0,30$ le litre plus bas).
Il y a d’autres endroits aux environs de Casey où il est possible d’obtenir de l’essence. L’essence est parfois transportée par des VTT ou des camions après une virée à la station d’essence avoisinante. (Mon avion brule de l’essence pour automobile “mogas“.) Mais n’ayant pas de communication cellulaire sur place, et n’ayant pas fait de contact ou arrangements au préalable, j’ai préféré demeurer prudente et me rendre à La Tuque. Chaque arrêt demande un surplus d’essence (atterrissage, décollage, circulation au sol, etc.)
Casey est un aéroport abandonné, donc nous nous y rendons à nos propres risques. Pas de contrôleur aérien, ni même de fréquence radio obligatoire. Par contre, tous sont encouragés de consulter le site web de Camping Master et d’y noter le minimum soit la fréquence en usage (123.2), la piste (05/23) et l’élévation (1 291′). C’est un minimum pour la sécurité de tous. Quand j’ai approché la piste, je me suis annoncé 10 NM & 5 NM avant d’arriver dans le circuit et puis une autre fois en vent arrière. Tout en respectant la priorité des appels. Quand je me suis annoncé que je tournais en base, j’étais #3 et puis… j’ai vu 3 autres avions qui me coupaient et tournaient en final où je me suis retrouvé #6 en final. Il faut garder des yeux partout et assumer qu’il peut y avoir du trafic qui n’est pas à l’écoute.
Exploration des lieux
C’est beau aux alentours de Casey, et le dimanche matin après avoir déjeuné, j’en ai profité pour aller prendre une marche. Trois autres aventuriers m’ont accompagné. Nous avons traversé le petit pont en bois et marché vers le garage qui a été détruit il y a longtemps mais dont il reste quelques vertiges, pour les observateurs avec un nez bien aiguisé.
Résumé
En résumé, j’ai adoré mon voyage dans la brousse québécoise. J’ai été très bien accueillie sur le site, les gens sont sympathiques et respectueux. En arrivant, plusieurs bras se sont offerts à transporter avec mes bagages. L’élément toilette sauvage avec les grands espaces disponibles n’étaient pas un problème. J’ai déjà hâte à l’édition 2017 où je planifie y faire un arrêt de deux nuits et explorer d’avantage les lieux.
Un vol-voyage recommandé pour les aventuriers qui aiment le camping. Au plaisir de vous y voir l’été prochain! (Pour regarder une belle série de superbes photos prises par Pierre Guillard lors du camping à Casey, visitez le lien suivant.)
16 réflexions sur « Un voyage de camping dans la brousse québécoise en avion »
Très bon compte-rendu Nathalie, tu as été l’un de nos 22 avions-campeurs en 2016 et ta présence fut appréciée de tous.
Merci de partager ton expérience de camping à Casey avec ton petit Cessna 150.
Grâce à ton article ça va encourager des propriétaires d’avion de sortir de leur zone de confort et voler dans la brousse québécoise.
Merci Pierre! Je ne considérais pas cet article comme un compte-rendu, mais un récit de mon voyage. Il manque plusieurs détails pour en faire un vrai compte-rendu, comme le nombre superbe de plus d’une centaine d’avions qui s’y sont rendus!
Je croyais que quelqu’un devait écrire un compte-rendu mais j’ai dû le manquer…
Je me suis mal exprimé, je n’ai pas utilisé le bon terme. Le compte-rendu devra être publié éventuellement dans la revue l’Aviateur et l’auteur sera Pierre Gillard notre photographe de l’événement.
Aucun soucis Pierre. Hâte de lire le compte-rendu de Pierre Guillard.
Je suis l’organisateur du RVA Lac à Paul du réservoir Pipmuacan. Une belle rencontre de plus de 30 avions et hydravions dans un site enchanteur avec une piste en gravier durci et le lac en bout de piste. Un TeePee sera construit cette année pour les feux de camp en soirée. Méchoui à orignal, porc et boeuf et dégustation de brochet. Bienvenue.
Merci Jacques pour ta visite. Est-ce bien au Nord-est de Saguenay? C’est un peu loin pour moi avec mon Cessna 150, mais si non ça semble être une belle aventure! Je vais garder ça en tête, j’aimerais faire le voyage jusqu’au Saguenay en 2017, qui sait peut-être pourrais-je combiner les deux plaisirs!
Merci d’avoir pris le temps de partager. Excellent. Des “vertiges de garages”? 🙂
Merci Jerome pour ta visite et ton commentaire. Oui, on me dit qu’il y avait des garage “dans l’temps”. Je ne pourrais t’en dire plus mais si tu visites le site de Camping Master (inclut dans le texte) tu devrais pouvoir trouver plus d’information. L’an dernier, avant le RVA, un groupe avait été faire de l’exploration et avait bien détaillé le tout.
Bonjour Mme Nathalie,
Quel Grand Bonheur de Vous lires et partager votre Passion de L’Aviature…
Merci
Salutations et Amitiés de Métis-sur-mer ?
Yvon Larouche Pilote Professionnelle et Instructeur
Merci M. Larouche pour votre visite et votre commentaire. Je suis heureuse de lire que mon blogue vous plait. J’aime le terme “Aviature”! Je risque fort de vous l’emprunter à l’avenir.
Bonjour Nathalie,
Ton article est très intéressant, merci!
Pour l’essence ssp (super sans plomb), Je me ravitaille à Kanawata aéroparc. Piste de 3000′ en sable, les gens de la place, très gentils, viennent livrer l’essence à ton avion. Je suis basé à Lachute et je survole Kanawata juste avant d’atteindre Casey. J’y ai campé au “RVA” de 2016. C-FJXQ.
Bonjour Luc,
Merci pour ta visite et ton commentaire!
Je crois que c’est Kanawata qu’on m’avait parlé au sol à Casey. Je vais garder ça en tête pour cette année et fort probablement les appeler à l’avance.
Tu as campé quel jour en 2016? Je vais souvent à Lachute, on se croisera sûrement en 2017!
Bonjour Nathalie,
J’ai campé la nuit du vendredi au samedi. Je suis reparti à 16h45 le samedi. mon avion était le petit Hummelbird jaune dans la ligne proche des arbres.
Je devrais être présent chez Lachute Aviation pour la journée “Femmes de l’air” samedi qui vient.
Je crois bien t’avoir croisé le samedi. Samedi prochain je serai au Girls Fly Day au musée de l’aviation comme pilote bénévole. Mais nous trouverons surement une occasion de se jaser. 🙂
Hé Bien, On se souhaite une bonne météo!