Patiner… sur une piste d’avion

Patiner… sur une piste d’avion

L’hiver tire à sa fin. Enfin, on l’espère! Je vous écris ce texte ce matin alors que nous faisons face à une nouvelle grosse tempête de neige – un 4 mars. Voler est ma plus grande passion, mais lorsqu’il n’est pas possible de m’envoler, j’adore patiner. Quand la vie te sert des citrons, apprends à faire de la limonade.

J’ai réussie à aller patiner plusieurs fois cette saison sur de beaux sentiers dans la région d’Ottawa-Gatineau. Nous sommes choyés! Le canal Rideau n’ayant malheureusement pas pu être ouvert cette année, une première depuis son existence. Le patin me rappel des souvenirs de l’année passée à Rockcliffe lorsque j’y travaillais comme instructrice.

Au Lac-des-loups au sentier “Patinage en forêt”. Janvier 2023.

Comme pilote, nous sommes à la merci des caprices de Mère Nature, et quand tu es instructrice, ça signifie que celle charmante dame agit sur tes revenus d’emploi. Mais dans l’adversité peut se cacher de belles opportunités uniques à ceux qui savent les déceler.

En février 2022, nous avons eu un épisode de pluie verglaçante. Des conditions météos difficiles pour les gestionnaires d’aéroports. À Rockcliffe, ça a signifié un bon 7 jours où nous étions dans l’impossibilité d’opérer avec les avions. Lors de l’une de ces journées, les employés de l’Aéroclub de Rockcliffe, ce sont passés le mot pour s’équiper de façon particulièrement pour le travail.

Le chemin de l’aéroport était glissant même en auto, mais je me rendait tout de même au travail avec le (très) vague espoir de peut-être aller voler. C’était une superbe journée de ciel bleu avec une température clémente. Dans le monde de l’instruction, il y a des opportunités d’enseigner autre que d’aller en vol comme les briefings au sol, le simulateur, ou même réviser les procédures d’urgences en s’assoyant dans l’avion stationné au sol. Mon étudiant s’est bien rendu à l’école, mais nous nous sommes rapidement entendu que nous n’irions pas risquer de circuler au sol avec un avion.

C’est ainsi que plusieurs d’entre nous avons plutôt enfilé nos patins! L’espace d’une journée – le 24 février 2022 – pendant environ une heure, l’aérodrome de Rockcliffe s’est transformé en l’une des plus belles patinoires sur laquelle j’ai une le plaisir de me promener. La glace était parfaite. Avec le soleil qui réchauffait la surface, elle était glissante et lisse à souhait.

Quelle magnifique expérience ce fût de pouvoir mélanger deux de mes intérêts au même endroit, entouré de mes collègues de travail!

Bien sûre, en tant que professionnels responsables et soucieux de la sécurité, plusieurs avaient sur eux une radio portable au cas où du traffic aérien nous rendrait visite. Je patinais avec Alexander, un autre instructeur, sur Apron 1, quand nous avons entendu un Cessna 182 qui appelait Rockcliffe pour demander l’état de la piste. La réponse du répartiteur fût que la piste était 100% glacée et que des patineurs étaient au sol. Il y a eu un subtil ricanement dans la voix du pilote lorsque a répondu qu’il ferait d’abord une approche de précaution. Voici le vidéo de son approche:

Ce fût le seul avion à nous rendre visite ce jour-là et après son départ, nous avons été plusieurs à nous amuser à patiner sur la piste et autres airs de circulation avec grand bonheur. La majorité d’entre nous ne pouvions pas travailler, alors nous avons saisi l’opportunité, dans l’adversité, qui se présentait à nous. Une belle opportunité de re-découvrir l’aéroport sous une nouvelle perspective, et de socialiser. J’en garde tellement de bons souvenirs!

Moi sur la piste glacée à Ottawa-Rockcliffe.

Promenade en patin à la sortie de la piste 27, sur Alpha et Apron 1 en directement ouest.

Quelques jours plus tard, en surveillant de près le changement des conditions, j’ai essayée de faire un vol. Un vol d’instruction avec un étudiant Algonquin dans l’un de nos DA20. L’une des rares fois où je me suis fais peur en avion, en restant au sol. L’espace de moins d’une heure, les conditions avaient suffisamment changées pour faire en sorte qu’avec la roue de nez qui peut pivoter jusqu’à 60 degrés, et non contrôlé par les palonniers comme avec le C172, le contrôle au sol sur une telle surface était très difficile. J’ai passée près de ne pas pouvoir tourner et arrêter l’avion à temps pour ne pas frapper avec mon aile l’une des affiches sur le bord de la voie de circulation Alpha. J’ai fais quelques essaies de freinage sur la piste qui m’ont convaincus que je ne voulais pas avoir à atterrir sur ce genre de surface glacée avec un DA20. L’étudiant a pu bénéficier d’une leçon de valeur sur la prise de décision en hiver sur des surfaces autres que de l’asphalte sèche.

Les hivers se ressemblent au Canada, mais diffèrent également. Les plaisirs du monde de l’aviation se retrouvent sous une multitude de facettes en autant qu’on soit éveillé à les vivre. Êtes-vous prêt à les saisir?

One thought on “Patiner… sur une piste d’avion

  1. Wow, c’est capotant ça… patiner sur une piste. J’adore les vidéos! Quel beau texte Nathalie. Tu as le tour d’enseigner même dans des conditions « spéciales ». Merci de partager ton expérience!

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